Une feuille carnivore retrouvée dans de l’ambre ?

Tentacule végétal dans de l’ambre de la Baltique. Image © PNAS / Université de Göttingen
Tentacule végétal dans de l’ambre de la Baltique. Image © PNAS / Université de Göttingen

C’est dans la région de Kaliningrad, en Russie, qu’une découverte est récemment venue ranimer les discussions sur les origines des plantes carnivores. Il s’agit d’une feuille étroite et allongée, recouverte de petits tentacules, figée dans un morceau d’ambre de la Baltique issue d’une couche de sédiments datant de 35 à 47 millions d’années.

Sa forme n’est pas sans rappeler les limbes de certains Drosera, mais après un examen plus minutieux de sa structure, les scientifiques de l’université de Göttingen ont trouvé plus de similitudes avec les feuilles de nos actuels Roridula. Selon eux, il ne fait aucun doute que cette portion végétale appartient à un ancêtre de ces plantes.

Le genre Roridula, auquel seules deux espèces sont rattachées (R. gorgonias et R. dentata), possède deux des trois caractéristiques nécessaires à l’appellation plante carnivore : la capacité d’attirer des insectes, et de les capturer. L’assimilation des nutriments, quant à elle, se fait de façon indirecte, via une relation symbiotique avec une punaise qui vit sur la plante, et se nourrit des insectes piégés. L’azote issu de leurs déjection est ensuite assimilé par les tissus végétaux.

Si parfois les découvertes solidifient les théories établies, celle-ci provoque plutôt une remise en question. Il était admis que les Roridula n’avaient toujours eu qu’une distribution limitée à la portion du supercontinent Gondwana qui est l’actuelle Afrique. Cette trouvaille suggère que ces plantes, ou du moins leurs précurseurs, étaient en fait bien plus répandues qu’envisagé initialement, avant de se restreindre progressivement à la Province du Cap, en Afrique du Sud, où elle sont désormais endémiques.

Jusqu’alors, nous n’avions comme seul témoin du lointain passé des plantes carnivores des graines fossilisées d’Aldrovanda – une plante aquatique dont le système de capture est très similaire à celui de la fameuse dionée attrape-mouche. Il s’agit donc de la première découverte de fossile de feuillage lié à ces végétaux, ce qui est d’autant plus exceptionnel que l’ambre ne renferme que rarement des restes de plantes.