Un lubrifiant conçu grâce à une plante carnivore

Portion de péristome d'un Nepenthes - le reflet lumineux trahit la présence de la fameuse substance.
Portion de péristome d'un Nepenthes - le reflet lumineux trahit la présence de la fameuse substance.

Nous avions déjà évoqué l’intérêt que les scientifiques portaient à la substance produite par le péristome des Nepenthes, pour ses propriétés anti-adhésives incroyables.

Des chercheurs de l’université de Harvard (États-Unis) sont parvenus à synthétiser un lubrifiant capable de repousser même les fluides les plus agressifs et tenaces, tels que les hydrocarbures et autres huiles. Le but étant de sécuriser au mieux des surfaces hypersensibles, notamment les optiques, les outils médicaux, les matériaux utilisés en aéronautique…

L’équipe de Tak-Sing Wong s’est inspirée du liquide qui recouvre le péristome de l’urne des Nepenthes (la surface colorée et striée située au sommet de l’ouverture), dont la fonction première est de déséquilibrer les insectes qui s’y posent. Pour rester efficace, ce fluide doit également rester opérationnel dans le temps et ne pas se faire lessiver à la moindre averse ; c’est pourquoi la nature a bien fait son travail et a créé un liquide qui repousse tous les autres !

Le fluide mis au point par les scientifique a été nommé SLIPS (« glisse » en anglais). Jusqu’alors, les fluides destinés à repousser d’autres fluides étaient très complexes, mais l’étude de la substance produite par les Nepenthes a permis de comprendre comment créer beaucoup plus facilement un fluide à la fois très efficace et viable dans le temps, capable de « s’étaler » de lui-même afin de recouvrir à nouveau la surface du matériau qui le porte, si celui-ci est endommagé ou usé.

Cela fait de lui un fluide moins précieux : moins coûteux à produire et qui ne nécessite pas d’être remplacé régulièrement. Il pourra donc être employé sur des matériaux que l’on retrouve dans notre quotidien, et qui sont potentiellement sujets à l’usure par les liquides qu’ils reçoivent, tel que le Téflon des poêles.

C’est la durée de vie du matériau qui doit encore être améliorée, selon Michael Nosonovsky, du département d’ingénierie de l’Université du Wisconsin. Elle ne serait pas encore à la hauteur de l’espérance des chercheurs.