Philcoxia : des plantes carnivores méconnues

Le genre Philcoxia regroupe trois espèces très rares, localisées au Brésil. Chacune d’entre elles a été découverte séparément et à plusieurs années d’intervalle, entre 1966 et 1992 ! Après de longues années d’études, les trois scientifiques à l’origine des trois découvertes constatent que ces trois espèces appartiennent au même genre. Celui-ci est alors nommé Philcoxia en l’honneur du botaniste britannique David Philcox. Les espèces sont nommées P. bahiensis, P. goiasensis et P. minensis, chaque épithète se référant au lieu de croissance de la plante.

En quoi seraient-elles carnivores ? Peter Taylor, botaniste spécialiste des genres Utricularia et Genlisea, leur trouve de troublantes ressemblances morphologiques avec les Drosera et les Utricularia : les Philcoxia développent des feuilles pourvues de glandes collantes, plus ou moins souterraines (voir photo). N’ayant pu effectuer que quelques observations sur le terrain, Taylor en reste là, sans affirmer qu’il s’agit de véritables plantes carnivores.

Ce n’est qu’en 2007 que la question de la carnivorie refait surface, cette fois sous l’impulsion du botaniste Peter Fritsch. Après avoir observé des nématodes morts sur les minuscules feuilles de Philcoxia dans leur milieu naturel, il effectue des prélèvements en vue d’une étude en laboratoire, le but étant de prouver que ces plantes produisent bel et bien des enzymes digestives ! Le test est simple : un morceau de pellicule photo est appliqué sur une feuille. En effet, les enzymes digestives des plantes carnivores ont la capacité de digérer la gélose contenue dans ces pellicules.

Résultat : test négatif ! Fristsch en conclut que la feuille était peut-être trop petite (1 mm de diamètre) pour réussir le test, qui a également échoué avec une feuille de Pinguicula… Par ailleurs, la feuille a peut-être besoin d’un mouvement pour déclencher la production d’enzymes, comme chez d’autres plantes carnivores.

À l’heure actuelle, beaucoup de botanistes considèrent les Philcoxia comme telles, les éléments rapportés (dont la croissance en milieux très pauvres comme le sable blanc) étant concordants dans ce sens.