La faune qui profite des Nepenthes

Dans leur milieu naturel, les Nepenthes abritent une faune qui profite des conditions particulières offertes par les urnes de ces plantes : une protection vis-à-vis du milieu extérieur, de la nourriture (proies capturées par la plante), ou encore un milieu de développement idéal (liquide et proies présents au fond). Ces mutualismes ne sont pas tous parfaitement connus, mais le phénomène est si important que les scientifiques ont classé les animaux et autres petits organismes en trois catégories, en fonction de leur dépendance à ces plantes carnivores…

Les népenthebiontes

Le suffixe -bionte provient d’un terme grec ancien qui signifie « vivre ». Les népenthebiontes ne peuvent pas se développer en dehors d’une urne de Nepenthes (larves de moustiques par exemple). Ils ne colonisent aucune autre plante exotique. Le moustique Culex rajah a même été nommé suite à la découverte de sa dépendance totale à une espèce de Nepenthes bien connue : Nepenthes rajah.

Les népenthephiles

Les népenthephiles sont des organismes qui habitent fréquemment les urnes de Nepenthes, car celles-ci constituent des milieux privilégiés pour leur mode de vie. C’est ainsi que doivent être appelées les espèces opportunistes, telle que l’araignée crabe (famille des thomises) qui profite du pouvoir attractif des plantes sur les insectes pour s’installer dans les pièges, récupérant ensuite les proies… Le suffixe -phile signifie « aimer », ce qui suggère que pour cette catégorie, le Nepenthes n’est pas vital, mais… bien apprécié. La chauve-souris Kerivoula hardwickii est népenthephile (voir La symbiose entre les Nepenthes et les chauves-souris).

Les népenthexènes

Les népenthexènes désignent les êtres vivants qui ne profitent qu’occasionnellement des Nepenthes. Par exemple, lorsque les urnes sont bien fournies en insectes, certaines mouches y pondent pour que leurs larves s’y développent : ce sont des népenthexènes. Une urne vide de proies ou qui n’en contient pas assez n’est d’aucun intérêt. Le suffixe -xène signifie « étranger » en grec ancien, indiquant que les népenthexènes sont étrangers aux Nepenthes eux-mêmes. Autrement dit, les éléments en décomposition pourraient très bien se trouver ailleurs que dans des Nepenthes pour satisfaire les mouches en questions et leurs larves, car pour elles, le support ou le contenant n’a pas d’importance, seule la présence d’éléments en décomposition compte.

Anecdote : Dans une parution de la revue scientifique Oecologia, les biologistes M. Mogi et H.S. Yong reportent qu’un piège de Nepenthes ampullaria, étudié par leurs soins, contient pas moins de 30 familles et espèces différentes ! Un gros tiers d’entre elles sont des népenthebiontes, c’est-à-dire des organismes qui ne peuvent pas vivre sans la présence de ces plantes…