Entretien et culture de Dionaea muscipula

Dionaea muscipula, communément appelée « dionée » ou « attrape-mouche de Vénus », est une plante carnivore d’une dizaine de centimètres de diamètre, qui fait partie des végétaux les plus fascinants. Elle est pourvue de pièges qui se referment en quelques dixièmes de seconde lorsqu’un insecte s’y engage. Celui-ci est détecté par de petits cils sensitifs, qui déclenchent la fermeture de la trappe après un double contact. La proie est ainsi emprisonnée, puis digérée grâce à un fluide enzymatique qui dissout ses chairs. La « soupe » nutritive qui en résulte est ensuite absorbée dans les tissus végétaux.

Cette plante carnivore croît exclusivement dans quelques tourbières de la Caroline du Nord et du Sud, aux États-Unis, dans un climat tempéré à subtropical.

Localisation de la Dionaea muscipula

Il n’existe qu’une espèce de dionée (Dionaea muscipula) mais les variations de celle-ci sont nombreuses et rendent la culture de cette plante d’autant plus passionnante.

Elles sont en effet très variées, tant au niveau des couleurs que de leur morphologie. Nous en avons sélectionné plusieurs, remarquables pour leurs caractéristiques très prononcées. Notez la couleur rouge sombre du cultivar Dionaea Akai ryu !

Culture et entretien des Dionaea muscipula

Les bons gestes de culture

  • Cultiver la plante à l’extérieur ou en véranda/serre fraîche l’hiver, avec un maximum de soleil et sans craindre la température ambiante.
  • Utiliser un mélange à base de tourbe blonde (mélange spécial plantes carnivores) ou de sphaigne.
  • Garder son substrat très humide du printemps à l’automne, avec de l’eau de pluie, déminéralisée ou osmosée, et employer une autre eau uniquement en cas de pénurie.
  • Utiliser un pot en plastique, de grande taille, et muni de trous de drainage, placé sur une soucoupe pour faciliter l’irrigation.
  • Laisser les insectes se faire piéger eux-mêmes.

Les gestes de culture à éviter

  • Cultiver la plante à l’intérieur toute l’année, dans un endroit peu lumineux, ou la rentrer au chaud dès qu’il commence à faire froid.
  • Utiliser un terreau classique, de la terre de jardin ou un autre terreau de jardinerie.
  • Arroser avec de l’eau de robinet, de l’eau de source ou minérale, de l’eau issue d’un ruisseau ou d’une rivière (potentiellement calcaire ou polluée).
  • Changer sans arrêt la plante de place, ou la rempoter plusieurs fois par an.
  • La nourrir manuellement avec de la viande ou lui donner de l’engrais.
  • Lisez ce qui suit pour avoir tous les détails…

Choisir son mode de culture

La dionée est considérée comme une plante carnivore de culture facile, car elle s’adapte plutôt bien à notre climat. On peut souhaiter la cultiver à l’intérieur pour l’avoir près de soi, mais ce n’est pas souhaitable pour la plante elle-même. Originaire d’Amérique du Nord, son climat n’est pas tropical. Elle a besoin de variations de températures saisonnières, comme on les connaît sous nos latitudes. Par ailleurs, elle est beaucoup plus belle et vigoureuse si on lui donne un maximum de soleil. Pas de secret, la dionée se cultive donc préférentiellement à l’extérieur, ou en serre/véranda fraîche l’hiver.

Choisir le pot et le sol de culture

Le pot doit être munis de trous de drainage, et en plastique, car la terre cuite retient tous les minéraux qui se concentrent ensuite dans le sol. Comme pour la majorité des plantes carnivores, son substrat doit se composer de tourbe blonde de sphaigne mélangée à des éléments drainants et aérants pour permettre aux racines (et à la tourbe elle-même) de respirer : perlite, vermiculite, sable de quartz… Il est important de ne pas utiliser de matériaux calcaires. La sphaigne peut également être utilisée en tant que substrat ; elle est très saine par ses propriétés acides et fait preuve d’une bonne rétention d’eau. L’utilisation d’un grand pot est un confort que la plante apprécie en hiver : un grand volume, par son inertie thermique, permet de diminuer l’impact du froid sur les racines.

Bien sûr, il laisse plus d’espace à la plante pour se développer, ce qui évite de devoir rempoter tous les ans. En cas de fortes gelées prolongées (sous -5°C), le pot peut être entouré de papier à bulles et recouvert d’une cloche en plastique ou d’un voile d’hivernage. Un déplacement à l’abri du vent est profitable, et ne choquera pas la plante.

Arroser avec la bonne qualité et la bonne quantité

L’arrosage peut se faire via une soucoupe, placée sous le pot, et uniquement avec de l’eau de pluie, de l’eau déminéralisée ou de l’eau osmosée. Toute autre eau peut être néfaste à long terme, en chargeant le sol de minéraux, le pire étant le calcaire, qui asphyxie les racines. Du printemps à l’automne, quand la soucoupe est vide, il faut remettre de l’eau. On peut également arroser par le dessus, et/ou laisser faire la pluie. Durant cette période, il ne faut jamais laisser le sol sécher.

À partir de novembre, et jusqu’en mars ou avril selon la région, il faut simplement vérifier que le sol ne sèche pas totalement. La plante n’a pas besoin d’une forte irrigation, car son activité est totalement arrêtée : c’est le repos hivernal ! Trop d’eau peut d’ailleurs s’avérer dangereux en cas de gel : le pot ne doit pas ressembler à une mare gelée. Les racines et le pseudo-bulbe n’apprécieraient pas. Au besoin, quand il ne gèle pas, on peut remettre un peu d’eau par le dessus.

Rempoter et laisser pousser…

Aux alentours de fin mars/début avril, c’est le moment de rempoter les plantes qui se trouvent dans un substrat vieillissant : après 2-3 ans ans si le pot est petit, 5 ans et plus si le pot est grand. Si le sol est en bon état, et que vous souhaitez simplement offrir plus d’espace à la plante, gardez la motte intacte et placez-la dans le nouveau contenant, préalablement rempli de substrat. Remettez une soucoupe dessous, remplissez-la d’eau… c’est parti pour une nouvelle saison de croissance !

Les feuilles seront d’abord trapues, larges, et plus ou moins colorées s’il s’agit d’un cultivar rouge. En été, les feuilles sont généralement plus étroites et bien plus longues. Cependant, certaines dionées restent prostrées, avec des pièges posés sur le sol.

Questions fréquentes sur Dionaea muscipula

Les pièges de ma dionée noircissent. Que faire ? Va-t-elle mourir ?

Pas de panique ! Commencez par identifier la cause :

  1. Une plante fraîchement reçue est stressée par l’envoi. À l’arrivée, même avec de bons soins, il se peut que la plante perde quelques feuilles, notamment les plus anciennes. Ce phénomène est systématique pour des plantes qui ont été mises racines nues. Cela ne remet pas en cause sa reprise, moyennant des conditions adaptées.
  2. Les pièges ne sont pas éternels. Les plus vieux sont susceptibles de mourir spontanément à n’importe quelle période. Des captures répétées accélèrent le processus : après 3 ou 4 cycles de digestion, il ne faut plus trop en attendre d’un piège… En outre, il n’est pas rare que des proies trop grosses les fassent dépérir. Cela commence par un point noir, qui s’étend très vite à l’ensemble du piège puis au pétiole. Pour la plante, ce n’est qu’une feuille en moins, de nouvelles vont prendre la relève !
  3. En hiver, dès qu’il gèle, les pièges d’une dionée se ferment définitivement. Les plus anciens sont susceptibles de noircir assez rapidement. Il faut attendre patiemment la nouvelle fournée printanière !

Des conditions de culture inadaptées peuvent bien sûr faire dépérir des feuilles. Quoi qu’il en soit, vérifiez que votre plante n’est pas concernée par un des trois points ci-dessus. Cela vous évitera de changer des conditions de culture qui sont en fait tout à fait correctes, et ainsi de stresser la plante encore plus qu’elle ne l’est ! Par exemple, un rempotage avec mise à nu des racines est éprouvant pour la plante, ce n’est donc pas à faire à la légère mais seulement en dernier recours, si le problème vient du substrat (mauvaise eau d’arrosage plusieurs semaines durant, substrat inadapté, tourbe pourrie…). Changer sans cesse le pot de place génère également du stress : ce n’est pas naturel ! Une fois la plante bien installée, il faut la laisser tranquille.

Quelle est la bonne période pour rempoter la dionée ?

Un rempotage avec changement de substrat, et donc mise à nu des racines, doit se faire de préférence avant la reprise de la croissance, en mars ou avril selon votre région. Sinon, vous risquez de mettre en péril une partie de sa saison de croissance, le temps qu’elle rétablisse ses racines. Cela s’accompagne presque systématiquement de la disparition progressive du feuillage présent lors du déracinement, qui se trouve alors remplacé par un nouveau en quelques semaines. On peut s’inquiéter de voir l’ensemble de la plante noircir (à l’exception de la zone rhizomateuse) mais il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre.

La plus mauvaise période pour un rempotage de ce type est la fin de l’été et le début de l’automne. La plante n’a alors que quelques semaines pour se rétablir et retrouver de la vigueur avant l’arrivée de la fraîcheur, puis des gelées, ce qui est insuffisant. Le déplacement de la motte dans un pot plus grand, donc sans mise à nu des racines, peut se faire à tout moment de l’année. C’est cette dernière méthode que vous vous conseillons, sauf problème avéré dans le sol : sol très ancien (compact, retient moins bien l’eau), plein de résidus minéraux et souvent calcaire (boules blanches/jaunes apparaissant la surface), ou de composition douteuse (venant de jardinerie, typiquement).

Dois-je nourrir ma dionée ? En hiver, il n’y a pas d’insectes : comment faire ?

L’idée toute simple à retenir, c’est que pour une plante carnivore, on peut considérer les petits animaux comme un engrais. Un engrais n’est pas essentiel, mais il est bénéfique, s’il est bien dosé. Les diverses bêtes ingérées par une telle plante lui donnent notamment l’azote qui manque cruellement dans le sol, entre autres minéraux et protéines.

C’est un plus non négligeable, qui rend la plante plus forte, plus vigoureuse, plus résistante au froid… à long terme. Une disette de quelques semaines n’a pas la moindre conséquence. La dionée, quant à elle, est très bien dotée pour attirer les insectes : si elle est cultivée à l’extérieur, et qu’il y a des mouches, des guêpes… elle en capturera. Pas besoin d’aide ! Si elle est à l’intérieur… sortez-la.

Tout cela nous amène à l’hiver, période de dormance, et donc d’inactivité. La plante n’a besoin d’aucun apport pendant son repos. Quoi qu’il en soit, ses pièges sont la plupart du temps inactifs en cette saison…

Un piège avait capturé une mouche/une guêpe/ma belle-mère et vient de se réouvrir, mais la bestiole est encore dedans. Arnaque ?

Rassurez-vous, la plante n’a pas fait semblant. L’insecte semble en effet intact, mais si vous prenez la peine de le titiller avec une brindille, vous constaterez qu’il est… vide. Les sucs digestifs ont bel et bien dissout puis absorbé les chairs. Seul subsiste son exosquelette, que les enzymes ne sont pas capables de dissoudre. Cette enveloppe externe, appelée chitine, recouvre généralement l’intégralité corps des insectes. Bref, la dionée a fait son travail, et l’a fait plutôt proprement !
On demande souvent s’il faut enlever la carcasse une fois le piège à nouveau ouvert. Rien ne vous y oblige, sinon que votre plante carnivore paraîtra plus « propre ». De plus, vous risquez une fermeture intempestive. En tout cas, le vent ou la pluie finissent toujours par s’en charger, si vous avez eu la bonne idée de mettre votre plante dehors.

Dionée et mouche

Ma dionée ne pousse pas/produit des pièges minuscules/ne produit aucun piège/n’a aucune couleur sinon le vert. Que faire ?

Ce sont bien souvent les conséquences d’une luminosité trop faible. Une dionée cultivée en conditions trop sombres pousse lentement, produit des feuilles larges, mal formées, uniformément vertes, avec à leur extrémité un piège de taille disproportionnée par rapport au pétiole, voire inexistant (à ce stade, il devient urgent de faire quelque chose !).

Même une pièce lumineuse d’un point de vue humain l’est rarement suffisamment pour une dionée. Il lui faut un certain nombre d’heures de soleil direct pendant sa saison de croissance. Pour optimiser vos chances, ne comptez pas les heures, mettez-la dehors !

La luminosité est souvent en cause car l’erreur principale est de placer une plante nouvellement acquise à l’intérieur, mais vérifiez tout de même l’état et la composition du substrat, ainsi que l’origine de l’eau d’arrosage, si de tels symptômes apparaissent.

Fleurs de Dionaea muscipula
Fleurs de Dionaea muscipula


Ma dionée fleurit. J’ai lu qu’il fallait couper les fleurs : est-ce vrai ?

Certains cultivateurs conseillent de couper les fleurs des dionées car le processus de floraison affaiblit la plante. Si votre plante est en bonne santé et bien acclimatée (installée depuis plusieurs mois), cela se limitera à une production de feuilles quelque peu ralentie, avec des pièges un peu plus petits. Vous pouvez toujours couper la hampe si vous voulez maintenir une croissance « au top », mais cela vous privera inévitablement des graines et de la vision de ces petites fleurs blanches.

Si votre plante est chétive ou a été mise racines nues il y a peu, il est possible qu’elle ne supporte pas la floraison. Dans ce cas, coupez la hampe, mais attendez qu’elle mesure une dizaine de centimètres avant de le faire. Sinon, votre dionée risque d’en produire une nouvelle…

Dois-je couper les parties noires ?

Pour la plante elle-même, cela n’a pas d’importance. Mais il est certain qu’une plante sans feuilles mortes est plus jolie ! Si vous souhaitez les retirer, attendez qu’elles soient entièrement noires, puis tirez doucement dessus. Elles devraient venir facilement. Si ce n’est pas le cas, n’insistez pas : cela signifie qu’il reste une portion saine, et retirer une portion saine signifie blesser la plante !